Les Crandelloises en lutte contre le travail dominical
Diplôme d’agrégation de l’Association réparatrice des blasphèmes et
de la violation des dimanches (1848)
Cependant ce n’est pas cette Révolution qui porta le coup le plus marquant au dimanche, mais la suivante : la Révolution industrielle. La recherche de productivité des entrepreneurs, la nécessité de maintenir les machines en activité permanente, la déchristianisation des classes ouvrières, sans compter les choix stratégiques de certains artisans et commerçants qui préféraient travailler le dimanche et se reposer le lundi, tous ces facteurs s’allièrent pour désacraliser le dimanche au cours du XIXe siècle. En 1848, nombreux sont ceux qui font fi du repos dominical, au grand dam des catholiques les plus fervents.
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La pieuse association de Crandelles connaît un petit succès, avec 53 membres, exclusivement féminins. Il faut dire que l’inscription est très simple, mais que les engagements peuvent en rebuter certains. Charité bien ordonnée commence par soi-même : il va de soi que les membres ne doivent eux-mêmes jamais blasphémer, ne jamais travailler sans nécessité le dimanche, et ne pas l’imposer aux personnes sous leur autorité (enfants, domestiques, ouvriers). Tous les jours, des prières seront dites pour la rémission des (nombreux) péchés de leurs semblables, et amende honorable sera faite publiquement le dernier dimanche de chaque mois. Enfin, lorsque les fidèles entendront blasphémer ou verront une personne profaner le jour du Seigneur et n’auront pu l’empêcher, ils en feront aussitôt réparation à Dieu en prononçant « Que Dieu soit loué », ou encore la célèbre formule « Vade retro, Satana ».
La minceur de ce dossier d’archives ne permet pas de connaître quelle fut réellement l’activité de cette Association réparatrice. Mais lorsque les touristes verront des personnes arpenter les allées des Galeries Lafayette le dimanche en clamant « Vade retro, Satana », nous saurons que l’association aura repris son activité !
526 F 2/11