Contrôle d'identité des Zavatta à Neussargues en 1928.
L’Australian Circus est installé sur la place du marché de Neussargues, ce 22 avril 1928. Les gendarmes vont faire un contrôle d’identité. Trois Italiens leur présentent « chacun un récépissé de demande de carte d’identité, délivrée le 6 juin 1926 par la sous-préfecture de (indication illisible pour cause d’usure), par conséquent sans valeur ». Les trois forains sont en contravention – dont les gendarmes zélés dressent procès-verbal – ; ils précisent la suite de la tournée : Murat (23 avril), Riom-ès-Montagnes (27 avril), Mauriac (29 avril), Bort (1er mai), Ussel (3 et 4 mai) et Aubusson (6 mai). « De là nous ne savons pas où nous irons », ajoutent les Zavatta pour terminer.
Ce nom de Zavatta ne disait alors rien à personne. Frederico, né en 1877 à Oderzo (Vénétie, province de Trévise ; mort en 1953), était marié à Emma, née en 1876 (et non 1896 comme le dit le PV ; morte en 1955) à Vérone (Vénétie) ; ils sont verbalisés avec Eleonora, l’une de leurs filles, née en 1910 à Bitti (Sardaigne, province de Nuoro). Surnommée Titine, elle devint rapidement directrice de cirque, mais fut moins connue que son puîné Alfonso (1915-1993), surnommé Achille, fondateur du cirque Achille Zavatta et acteur de cinéma –mais qui n’est pas avec à Neussargues.
Ces procès-verbaux sont classés dans le fonds de la justice de paix de Murat ; le classement de ces documents s’achève en juin 2010 ; l’effort de l’équipe des Archives départementales va porter, à compter de l’été, sur le (re)classement des tribunaux civils et de commerce.
Ces PV renseignent naturellement sur l’obsession de la police des étrangers propre à la IIIe République, tradition bien ancrée dans les corps de police et de gendarmerie, qui n’auront donc guère à forcer leur « talent » durant la période de Vichy. Mais le document intéresse l’historien moins pour sa destination initiale (contrôler les étrangers) que pour la photographie qu’il donne du passage des Zavatta dans le Cantal. Les gendarmes saisissent sur le vif cette famille en plein essor, alors employée dans un cirque qui n’est pas le sien, mais qui connaîtra, à partir des années 1930, une notoriété telle qu’elle dispensera les gendarmes de procéder à des contrôles d’identité…
Archives départementales du Cantal, 4 U 12/87