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Des thermes romains à Chaudes-Aigues ? 

Si l’on sait que la célèbre source du Par était connue de nos ancêtres depuis des siècles, son exploitation par les Romains restait incertaine : le site a certes été fréquenté par quelques Gallos-Romains aisés, mais aucun bâtiment construit par les Romains n’a pu être identifié. Les historiens auraient-ils manqué cette découverte archéologique ?
Tenant son nom du verbe « parer », c’est-à-dire épiler les cochons qui venaient d’être tués, la source du Par a longtemps attendu d’être exploitée par un établissement thermal. L’idée avait émergé dès 1787 chez les délégués de l’élection de Saint-Flour, mais rien n’éclot avant 1824. C’est en effet au XIXe siècle que se développe, avec l’hydrophilie et le thermalisme, l’intérêt des scientifiques pour Chaudes-Aigues : Jean-Louis Alibert publie le premier un Précis historique sur les eaux minérales citant celles de Chaudes-Aigues en 1826, et il est suivi sept ans plus tard par Bonniol et Podevigne.

L’installation du thermalisme se fait alors petit à petit : Augustin Felgères fait le premier pas, en construisant un établissement autour d’une ancienne piscine taillée dans la roche qu’il restaure. Malgré les multiples agrandissement et embellissements qu’il réalise, il semble que son établissement soit peu adapté pour recevoir de nombreux curistes.
D’autres projets voient également le jour dans les années suivantes : celui de Bernard Clavières dans l’ancien moulin de la Vernède, celui de Verdier tout près du précédent, et celui d’Abrial, dans l’ancien moulin du Ban, qui a l’avantage de voir jaillir une source chaude à l’intérieur même du bâtiment, et qui finira par ruiner ses concurrents en 1889 en obtenant la concession de l’ensemble des eaux du Par. Dans son Guide, Durif estime que Chaudes-Aigues reçoit environ 1000 baigneurs par an, la plupart cantaliens et d’origine modeste. Les eaux les plus chaudes d’Europe devraient pourtant attirer un public plus large, dans cette période faste du thermalisme !


Le problème est rapidement identifié : il faut construire un établissement moderne, qui sera capable d’accueillir des curistes nombreux et de satisfaire aux exigences de toutes les classes sociales. La solution en revanche se fera attendre de longues années.
Un projet est proposé dès 1833 par l’architecte clermontois Ledru : un hôtel luxueux, des bains, étuves, douches de toutes sortes et, pour n’oublier personne, deux piscines gratuites pour les indigents. Magnifique mais hors de prix, les actionnaires sont peu nombreux à soutenir ce projet qui tombe à l’eau.
Sans perdre de temps, l’architecte Catoire est à son tour sollicité et dessine en 1838 les plans d’un nouveau bâtiment. Malgré le prix raisonnable du projet, le conseil des bâtiments civils rejette certains éléments jugés superflus. Le retard s’accumule, l’administration bloquant le dossier jusqu’à ce que celui-ci soit abandonné plus de 10 ans plus tard.

Ces deux échecs n’impressionnent pas un certain Vaissier, originaire de Saint-Urcize, qui va parvenir à séduire la municipalité et le conseil général à partir de 1856. Il aurait pourtant dû se méfier de la règle « jamais deux sans trois » : la question de l’emplacement de l’établissement va provoquer des dissensions hors normes au sein de la population de Chaudes-Aigues. Alors qu’elle devait à l’origine se situer à l’Estende, dans le centre de Chaudes-Aigues, la municipalité demande à déplacer la construction à la Luzerne, au nord du bourg, ce qui diminuerait le prix du projet. La discorde prospère entre les habitants, accusant les conseillers municipaux de contrer volontairement un projet raisonnable, et la municipalité dénonçant des personnes privilégiant leur intérêt personnel au détriment de l’intérêt collectif. Vaissier est finalement convaincu d’escroquerie pour avoir dépensé l’argent versé par les souscripteurs… pour commencer les travaux en 1860, sans autorisation. Des travaux restés à l’état de « ruines », et attribués par quelque plaisantin aux conquérants romains !

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