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Plan de répartition dans le Cantal d’enfants sinistrés » de la banlieue parisienne (1942)

Dans la nuit du 3 au 4 mars 1942, la Royal Air Force bombarde la région parisienne. Beaucoup de familles de Boulogne-Billancourt se trouvent sans abri, et le préfet de la Seine s’entend avec son collègue du département du Cantal, alors en zone libre, pour y envoyer 3.000 enfants. Pouvoirs publics et associations privées (Secours national, Croix-Rouge, Groupement amical des évacués et réfugiés dans le département du Cantal, Compagnons de France) rivalisent de zèle pour en organiser l’hébergement, subventionné par l’État français. Les allocations familiales des parents des enfants et une subvention de la préfecture de la Seine permettent de défrayer les familles d’accueil. L’inspection départementale de la santé préconise l’épouillage et l’examen médical des enfants. Le premier convoi arrive le 28 mars.

Après quelques mois passés dans le Cantal, 1541 enfants rentrent chez eux, le 25 septembre 1942, pour la rentrée des classes. Un plan donne, en chiffres rouges, le nombre d’enfants qui monteront dans les gares cantaliennes du fameux triangle ferroviaire Bort-Neussargues-Aurillac ; les chiffres noirs spécifient la répartition géographique des lieux où les enfants ont été hébergés durant ces mois, dont ils seront amenés par autobus à la gare la plus proche. Les gares de départ sont Maurs (10 h 42), Bort (6 h 10) et Saint-Flour (10 h 24). Un train spécial part d’Aurillac à 14 h ; tous les trains convergent à Neussargues, où est formé le train unique qui quitte le territoire cantalien à Massiac à 17 h 51, en direction de Paris.







Le dossier préfectoral est bien complet ; non seulement il permet de comprendre l’organisation matérielle de l’opération, mais il contient aussi des témoignages. Y. Hardenberg, placée chez Monsieur Chautard à la Croizette de Thiézac, écrit au préfet le 15 avril 1942 : « Nous sommes tous placés chez de très braves gens qui se dévouent beaucoup pour nous faire oublier le chagrin de la séparation. Nous avons aussi trouvé, en la personne des petites filles du village, de charmantes compagnes de jeu. Monsieur Canis, très dévoué, organisent (sic) d’intéressantes (sic) excursions ». Même si les lettres en provenance de Thiézac se ressemblent un peu toutes, elles indiquent que l’accueil a été bon. Nelly Fitzé, chez Mme Bompard, épicier à Thiézac, écrit quant à elle des phrases qui reflètent l’esprit politique du temps et du régime : « J’ai vu qu’il y avait encore de bons Français dans ces jours malheureux. C’est avec cette fraternité, le courage et l’union que la France se relèvera. Les Français pourront apprécier le bonheur de demain parce qu’ils auront souffert ». Autre son de cloche : intercepté par la censure postale le 9 avril, une lettre du 5 avril indique : « On parle de l’arrivée des petits parisiens mais on veut les imposer aux gens pour 6 mois et tout le monde rouspète (sic), je crois que tes pauvres mioches ne seront guère bien accueillis d’autant plus qu’il est probable que l’on aura à faire à toute la petite fripouille de la zone (sic) ».

Autant la venue et l’accueil des « Petits Marseillais » dans le Cantal ont été bien étudiés (tout récemment par Martin de la Soudière), autant cet accueil de petits Parisiens de la banlieue en 1942 n’a pas encore fait l’objet d’études approfondies.

ADC, 1 W 64

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